WikiLeaks menace de créer son Twitter après qu’un troll a été banni

WikiLeaks menace de créer son Twitter après qu’un troll a été banni

L’éviction par Twitter d’un habitué des provocs, viré après une pluie d’attaques racistes contre une actrice, scandalise WikiLeaks. L’organisation de Julian Assange agite la menace d’un service concurrent.

En réaction à la campagne de messages racistes contre Leslie Jones, une des actrices du nouveau «  Ghostbusters  », Twitter a banni définitivement un de ses pires trolls, Milo Yiannopoulos. Connu pour ses provocations multiples, et déjà bloqué plusieurs fois par le réseau social, ce journaliste et entrepreneur grec et anglais avait été signalé par la comédienne écœurée.

Ce bannissement a révolté WikiLeaks  :

«  Cyberféodalité : le fondateur de Twitter @Jack [Dorsey, ndlr] a banni le libertarien gay conservateur @Nero [Milo Yiannopoulos] pour avoir parlé de la “ mauvaise ” façon à l’actrice @Lesdogg [Leslie Jones].  »

Jack Dorsey a répondu  :

«  Nous ne bannissons pas les gens parce qu’ils expriment leurs pensées. Les agressions ciblées et l’incitation à les commettre contre des gens, par contre, n’est pas autorisé.  »

« Nous nous défendons nous-mêmes »

WikiLeaks a assuré un autre tweetos que sa position n’était pas une défense spécifique de Milo Yiannopoulos  : «  Nous ne défendons pas @Nero. Nous nous défendons nous-mêmes. Si Twitter est un lieu de censure, WikiLeaks sera censuré  » (de nombreux internautes répliquent dans l’échange que WikiLeaks n’a pas insulté de façon répétée des gens, appelé à les attaquer, posté des images truquées, été averti à plusieurs reprises, etc.).

 Oiseau de Twitter pixellis
Oiseau de Twitter pixellisé - kpgolfpro/Pixabay/CC0

On retrouve dans cette controverse la position habituelle de WikiLeaks, ultra de la liberté d’expression et de diffusion pour qui tout doit être possible. On l’a vu dernièrement avec l’attentat de Nice, où une vidéo montrant des cadavres a été remise en ligne par l’organisation de Julian Assange. Interpellée sur les proches des victimes pouvant être choqués par ces images, WikiLeaks répliquait  :

«  Oui, c’est dangereux pour ceux à gauche et à droite qui veulent cacher sous le tapis la réalité du terrorisme.  »

Le PDG de Twitter a cependant opiné à la suggestion de WikiLeaks de créer des systèmes de filtre paramétrables par les utilisateurs, déclarant «  nous travaillons à les mettre en place  ».

« Justice féodale »

«  Bonne nouvelle  », a répondu WikiLeaks. Qui juste avant a menacé de créer un concurrent au réseau social, non sans un point Godwin de compétition (rapprochant Twitter des purges en cours en Turquie et de 1937) :

«  Nous lancerons un service rival si cela continue, parce que @WikiLeaks et nos soutiens sont menacés par un espace de justice féodale.  »

Affaire à suivre donc, mais concurrencer le service aux 320 millions d’abonnés ne serait pas une petite affaire s’il s’agit de le mettre en danger. Sinon, des réseaux sociaux alternatifs existent – Identi.ca ou Juick –, mais de l’aveu de ceux qui utilisent des réseaux sociaux libres au lieu de Facebook et Twitter, ces services restent trop confidentiels pour un gros usage.

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Commentaires 22 commentaires
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  • itzig_finkelstein

    La liberté d’expression version Wikileaks, c’est celle de la Gestapo, de la Stasi, et celle aussi des violeurs, des lyncheurs de négros, des corbeaux malfaisants... de la lie de l’humanité, donc.

  • titarue89

    Il faudra qu’on m’explique en quoi avoir la vocation d’être une plateforme pour les lanceurs d’alerte qui dénoncent les malversations et les turpitudes d’entreprises ou de nations (par esprit de conscience et de justice, mais aussi par amour de la vérité) doit conduire la dite plateforme à défendre le « droit » de poster des malversations (imagee truquées) et des attaques injurieuses ?

    N’est-ce pas se tirer une balle dans le pied et donner à ses détracteurs de quoi discréditer wikileaks ? A défendre mensonges et tromperies, on est moins crédible pour défendre la morale et la vérité du lanceur d’alerte.

    • itzig_finkelstein

      Wikileaks est une sale boîte comme les autres. Si elle a pu faire illusion un temps, ce temps est terminé. Game over.

  • litteratureportesouvertes

    Bref, on retrouve le vieux débat sur la liberté d’expression. Doit-elle être absolue, au risque que certains en profitent pour faire du mal à autrui, ou doit-elle être encadrée et limitée, au risque que cela ouvre une brèche vers l’interdiction excessive de propos ?

    • itzig_finkelstein

      Il n’y a pas de débat à avoir à ce sujet : la liberté d’expression est parfaitement définie par nos lois. Qui ne sont absolument pas les lois américaines. Encore heureux, d’ailleurs.

  • itzig_finkelstein

    Comme vous dites : jamais auparavant l’humanité n’aura connu une telle saloperie. Et cette saloperie est défendue par les pires salauds. Les pires des pires étant les salauds qui s’ignorent en prétendant défendre la liberté d’expression des pires ordures de la création.

  • litteratureportesouvertes

    Dans une démocratie, la liberté d’expression est un droit fondamental et indispensable. Il n’y a pas de réelle démocratie sans liberté d’expression. En ce sens, et comme le dit la DDHC, nul ne doit etre inquiété pour ses opinions politiques ou religieuses, fussent-elles d’ailleurs heterodoxes.

    Pour autant, la liberté d’expression ne doit pas être confondue avec la liberté de dire n’importe quoi. La loi française punit la diffamation, l’appel au meurtre, etc.

    Il me semble que les riverains historiques ne sont pas du tout opposés à la liberté d’expression. Ils s’opposent, si j’ai bien compris, au fait que l’on brandisse l’étendard de la liberté d’expression pour justifier des propos qui tiennent précisément de la diffamation, de l’appel au meurtre, etc.

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